SUPERDEMOCRATIE - Le Sénat des Choses


Avec l’exposition SUPERDEMOCRATIE, trois institutions culturelles nouent un dialogue, en octobre prochain, avec le Sénat belge. BOZAR à Bruxelles, le BPS22 à Charleroi et le M HKA à Anvers ajoutent une dimension culturelle aux questionnements actuels du Sénat.

1.10.2017 - 31.10.2017

Marcel Broodthaers

°1924 †1976
Born in Sint-Gillis, BE
Died in Köln, DE

Marcel Broodthaers (1924, Bruxelles – 1976, Cologne) est sans nul doute l’un des artistes les plus intrigants du vingtième siècle. Depuis sa mort, de nombreuses personnes ont essayé de comprendre l’artiste complexe, savant et humoristique qu’était Marcel Broodthaers. Broodthaers faisait usage de la poésie pour remettre en question les conventions. Il essayait ainsi d’opposer une résistance à tout système politique dont l’objectif principal était la création de symboles. Il savait mieux que quiconque que le monde de l’art ne pouvait pas non plus échapper à cette tendance. Son œuvre démontre que ce qui est considéré à un moment donné comme « l’ordre naturel » est toujours le résultat de pratiques politiques et donc de l’exclusion d’autres options. Broodthaers nous rappelle que le monde aurait toujours pu être différent.

En 1942, Broodthaers commence ses études de chimie à l’Université Libre de Bruxelles, qu’il abandonne peu de temps après pour se consacrer entièrement à la poésie. En 1943, il rejoint le parti communiste (jusque 1951) et intègre une communauté littéraire, artistique et politique de Bruxelles. Après la Seconde Guerre mondiale, Broodthaers travaille en tant que libraire à Bruxelles. Il apprend à connaître Paul Nougé, Marcel Lecomte et René Magritte et il signe les pamphlets des « Surréalistes révolutionnaires ». Certains de ses poèmes sont publiés dans des revues et il lance sa carrière de journaliste avec le journal communiste Le Salut Public (Hebdomadaire de précision politique et littéraire) en apportant une contribution politique, littéraire et cinématographique.

À partir de 1957, Broodthaers commence à organiser des visites guidées dans le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. C’est à cette occasion qu’il rencontre Julien Coulommier, qui initie Broodthaers à l’art de la photographie. En 1958, le premier film de Broodthaers est présenté au festival du film expérimental à Knokke ; La Clef de l’Horloge. Un poème cinématographique en l’honneur de Kurt Schwitters. En 1963, Broodthaers présente quatre travaux pour tenter de décrocher le Prix de la Jeune Peinture belge et il reçoit une distinction pour sa sculpture Monument Public n°4. Entre 1957 et 1964, Broodthaers publie quatre recueils poétiques ; Mon Livre d’Ogre à L’Enseigne de l’Arquebuse du silence à Ostende, Minuit (1960) publié par Georges Houyoux (Éditeur des Artistes) à Bruxelles et deux poèmes publiés à compte d’auteur La Bête Noire (1961) et Pense-Bête (1964).

En 1964, Broodthaers organise sa première exposition individuelle dans la Galerie Saint-Laurent à Bruxelles et il y présente notamment son œuvre Le Pense-Bête. La sculpture est composée d’une cinquantaine de recueils poétiques Pense-Bête qu’il vient de publier et qui sont fixés avec du plâtre. Elle symbolise le passage de Broodthaers du statut de poète à artiste-poète. Pour l’exposition, il rédige un remarquable pamphlet d’invitation Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose…, qui génère une véritable onde de choc dans le monde artistique, car personne n’ose parler aussi ouvertement des mécanismes de l’art. En tant que conservateur européen pure souche, Broodthaers n’est pas offensé idéologiquement, mais spirituellement par la nouvelle culture brutale du commerce et du divertissement.

En 1966, Broodthaers organise sa première exposition dans la révolutionnaire Wide White Space Gallery d’Anvers. Le titre de l’exposition trahissait déjà ce qu’il y serait visible : Moules Œufs Frites Pots Charbon. Le pop art était le langage des jeunes artistes et Broodthaers en était bien conscient. En 1967, Broodthaers décide malgré tout de réintégrer des mots dans ses œuvres. Le film Le Corbeau et le Renard présente des objets et des photos de la vie quotidienne sur un fond de texte. À la demande de la Wide White Space, il décide de vendre le film en tant qu’objet d’art ou multiple. Celui-ci est composé du film en lui-même, de deux écrans et de motifs à afficher sur le mur.

En mai 1968, Broodthaers participe à l’occupation du Palais des Beaux-Arts en tant que médiateur entre les occupants et le personnel du musée. Peu de temps après, Broodthaers rédige sa première lettre ouverte adressée à « mes amis », dans laquelle il se désolidarise de l’occupation collective. Dans la lettre ouverte de septembre 1968, Broodthaers annonce l’ouverture de son propre Musée d’Art Moderne, Département des Aigles. Le musée ouvre ses portes en 1968 dans la maison de Broodthaers (Rue de la Pépinière à Bruxelles), se développe autour de différentes villes dans différentes sections, et ferme ses portes en 1972 (Documenta à Kassel, Allemagne).

En 1974, Catalogue-Catalogus  est la première œuvre d’une série d’expositions rétrospectives organisées par Broodthaers à être exposée au Palais des Beaux-Arts. Dans son grand travail de synthèse Décor : A Conquest de 1975, l’artiste associe un passé de bourgeois à la société consumériste d’autrefois tout en exacerbant le débat sur la relation entre guerre et confort.

Broodthaers est représenté dans la collection du M HKA avec quelques travaux spécifiques qui expriment chacun à leur manière un aspect de son mode de pensée et de sa capacité visuelle, tout en affichant avant tout le positionnement de l’artiste dans le monde (de l’art). Ma collection (1971) est un collage unique de ses propres réalisations dont l’objectif est de se mettre en avant à la bourse artistique de Cologne, Lettre ouverte (1972) est une estampe conçue comme prix pour le Centre Masereel et Die Welt (1973) est une série de neuf peintures typographiques qui retracent chacune le monde d’un personnage historique allemand (Kant, Nietzsche, Goethe, Marx, Beethoven, Hegel et Hölderlin).