Charlotte Beaudry
C’est le cas de Réfractaire, tapisserie réalisée dans le cadre du partenariat entre le BPS22 et les ateliers de tissage de tapisserie du Crecit[1], à Tournai. L’œuvre représente une adolescente tombée à genoux, les mains entrelacées à celles de son reflet. La jeune fille, dont on n’aperçoit pas le visage, véhicule une image de la féminité entre douleur et mélancolie, associée à la violence d’une identité coincée entre deux âges. Dans une palette dominée par des tons gris et roses pâles, sur un fond monochrome et dans une composition qui suggère le mouvement, comme un arrêt sur image, le personnage semble entamer un combat avec l’illusion de l’espace pictural.
Réfutant toute tentative de discours explicite sur la féminité, Charlotte Beaudry cherche à déjouer les pièges de l’image peinte et attirer, de manière implicite, l’attention du spectateur sur ce qui est dissimulé autant que sur ce qui est montré. « Réduire l’apparence, limiter la réalité aux traits que l’on veut bien en montrer est forcément pictural. Le fait d’ôter les détails au profit d’une silhouette ou, de manière encore plus flagrante, de cadrer une image peut faire peser ce qui est enlevé ou dissimulé autant que ce qui est montré. […] Montrer quelque chose en peinture induit des choix graphiques inépuisables, y compris montrer la peinture elle-même »[2].