SUPERDEMOCRATIE

Ria Pacquée erre souvent à travers la ville, à pied, munie de son appareil photo, à la recherche de la vie de la rue et d’images qui peuvent exprimer cette vie. Cette série se compose de neuf photographies prises dans la rue, sélectionnées et classées sur base de leur forme et présentées en trois rangées de trois photographies. Le classement formel génère une comparaison entre les êtres humains et les objets, qui mènent tous une existence nomade et se retrouvent en marge de la société. Tous semblent dépourvus de leur identité et de leur fonctionnalité originelle. Ils ont leur propre histoire et la question soulevée est de savoir comment ils ont atterri à l’endroit où ils sont aujourd’hui. La concordance de la forme souligne de la sorte la concordance du contenu. Malgré leur place aussi centrale que celle des objets dans l’image, les êtres humains et leur couverture ne sont pas entièrement visibles en raison de leur pose détournée. Ils donnent l’impression de ne pas vraiment être présents. Ils sont à la fois visibles et invisibles, présents et absents. Les photographies sont encadrées comme de petites peintures et accrochées très près les unes des autres. Séparément, elles ne représentent pas grand-chose à vrai dire, mais ensemble, elles racontent une histoire à travers leurs relations mutuelles. Individuellement, on dirait des instantanés pris en passant, un enregistrement de la réalité, mais leur juxtaposition indique une mise en scène, une manipulation de la réalité. Ainsi apparaît un jeu entre forme et contenu, présence et absence, fiction et réalité.