Victor Alimpiev & Marian Zhunin
Ode est la formulation d’une esthétique de conformité et d’uniformité. Les acteurs, tous vêtus de t-shirts de coton et de pantalons de la même couleur claire, exécutent des mouvements prescrits, parodiant des actions et réactions de la vie quotidienne. Cette perfection chorégraphique est pourtant interrompue de temps en temps. La bande son est constituée de musique forte et criarde et d’un texte qui pourrait être l’ode du titre de l’œuvre.
Il s’agit d’une œuvre clé des débuts d’Alimpiev. Alors qu’il évite les références visuelles directes aux éléments sociaux et culturels de la société russe post-soviétique, la mise en scène fait penser aux performances « collectivistes » du théâtre russe d’avant-garde des années autour de la révolution de 1917.
Ode est aussi une incarnation contemporaine de l’ostranenie, la « défamiliarisation » théorisée par le critique Viktor Shklovsky (1893-1984) et qui est proche du Verfremdungseffekt de Brecht. Shklovsky écrit ceci : « L’art est une façon de faire l’expérience de la facture artistique d’un objet, l’objet en soi n’a pas d’importance ».