Jacques Lizène
Jacques Lizène (°1946, Ougrée, Belgique) est l'un des membres les plus productifs du CAP, le Cercle d'Art Prospectif liégeois, auquel appartenaient aussi Pierre Courtois, Jacques Lennep, Jacques-Louis Nyst et Jean-Pierre Ransonnet. De 1972 à 1982, ils réalisèrent une oeuvre collective d'envergure, qui pourrait être considérée aujourd'hui comme relevant de l'art relationnel. Leur approche fait penser à celle du mouvement Fluxus, même si Lizène considère que son oeuvre est du "non-Fluxus". Fluxus embrasse la vie, mais Lizène prétend qu'il va à l'encontre de ce courant et pour le prouver, il va jusqu'à payer de sa personne en subissant une vasectomie à un âge précoce.
À ses yeux, ses créations relèvent d'un Institut virtuel de l'Art Stupide; elles sont faciles, mineures et même risibles. Lizène est un grand révolté, mais ce qu'il dénonce surtout, ce sont les valeurs et les attitudes des milieux artistiques élitistes. Il faut que tout ce qui incarne cette élite soit ridiculisé, que ce soit le musée ou la galerie mais aussi et surtout l'artiste. Lizène se moque de tous ces discours esthétiques prétendûment sérieux mais qui ne sont rien d'autre en fait qu'un verbiage prétentieux vide de sens. C'est pourquoi il se définit lui-même comme le "petit maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle". Mais c'est justement par cette autodérision que Lizène attire l'attention des institutions artistiques contre lesquelles il se rebelle.
Au final, Lizène "le bouffon" appartient au monde de l'art qu'il tourne en ridicule et il en est parfaitement conscient. Le paradoxe de la subversion – on ne peut miner un système que de l'intérieur – sous-tend toute sa pratique artistique.