Sven 't Jolle
Sven ’t Jolle naît à Anvers, en 1966, où il suit des études artistiques à l’Académie royale des Beaux-Arts de 1986 à 1990. Si ses premières expositions, au début des années 1990, témoignent d’un intérêt social qui lui demeurera constant, la veine actuelle de sa pensée prend racine au cours d’un voyage dans le nord de la France, en 1997. ’T Jolle raconte ainsi qu’une traversée de la Picardie l’a mené au village de Saint Léger, qu’il a immédiatement et machinalement associé au peintre français Fernand Léger (1881-1955), élevé, par l’amalgame et l’humour de ’t Jolle, au statut de saint. C’était en été, au moment où les Forges de Clabecq, une usine sidérurgique belge située dans l’entité de Tubize, annonçaient la fin de leurs activités et provoquaient une vague de manifestations. Jouant sur les mots, Sven ’t Jolle a associé le village français, le peintre homonyme, et les événements socio-économiques autour d’un terme : « tubisme ». Le tubisme, la variante du cubisme qu’avançait Fernand Léger, prête sa sonorité, dans l’esprit de ’t Jolle, à l’événement social qui bouleverse alors Tubize et la Belgique.
L’anecdote illustre la manière dont Sven ’t Jolle construit sa réflexion artistique. À partir de la sculpture surtout, parfois d’autres médiums également, l’artiste amenuise la frontière qui sépare le domaine de l’esthétique de l’engagement social. Ouvertement partisan des classes paupérisées l’artiste agit au sein du monde de l’art ; son combat n’est pas pour autant isolé de la réalité défendue et la bulle artistique ne constitue pas pour lui un retrait. L’objectif est de provoquer chez les artistes et spectateurs une réflexion sur la situation sociale, politique, économique. Dans ce cadre, ’t Jolle pousse son œuvre vers l’autoréflexion et interroge la possibilité d’un art subversif, qui plaide pour la classe ouvrière auprès du public de l’art, économiquement aisé ; l’interrogation elle-même devient aussi le sujet de l’œuvre.
Après plusieurs expositions en Flandre et à Bruxelles, Sven ’t Jolle expose dès la fin des années 1990 en France et en Allemagne. Il voyage à plusieurs reprises dans les pays du Moyen-Orient et vit et travaille aujourd’hui à Melbourne, en Australie.